Des atteintes à la laïcité de plus en plus récurrentes dans certains établissements... Des collègues en proie à des difficultés quant leur gestion et leur prise en charge! Des points de tension avec les familles, des craintes à solliciter la hiérarchie...
    En effet, nombreux sont les collègues qui nous ont interrogés, nous faisant part de leurs inquiétudes et de leurs craintes face aux difficultés rencontrées sur leur lieu de travail à ce sujet. Ils font notamment remonter des faits liés au port de signes ostentatoires en lien avec la religion et se retrouvent parfois en difficultés quant à la gestion et la prise en charge de ces situations allant même jusqu’à ne pas intervenir de peur de « représailles de la part des familles et de la hiérarchie » et du jugement de la part de certains de leurs collègues.
Face à ces remontées de terrain, nous avons donc demandé à être reçus en audience afin d’aborder cette question.
Le 5 mai dernier, notre délégation était reçue par le recteur, le directeur de Cabinet et le référent laïcité de l’académie de Dijon.
Nous avons pu faire état de l’ensemble des situations portées à notre connaissance, de notre analyse et de notre expertise sur le sujet. Nous avions d’ailleurs déjà fait part de notre inquiétude en juin dernier alors que certains de nos collègues formateurs de terrain à l’INSPE se trouvaient injustement accusés d’islamophobie.
Nécessité de clarifier le cadre et de prendre en considération sans attendre les collègues qui se trouvent en difficultés. Même si la situation est prise en compte, les collègues concernés doivent en être informés et pouvoir bénéficier de tout le soutien nécessaire.
    Nous avons donc évoqué la nécessité de clarifier le cadre, de rassurer et d’accompagner tous les personnels. L’ensemble des personnels doit être engagé et sensibilisé sur ces questions afin de ne pas « pointer du doigt » une fonction par exemple. En effet, les CPE sont particulièrement sollicités dans la prise en charge de ces questions, allant même dans certains établissements à recentrer leur mission quotidienne sur la gestion de ces incidents.
En réponse à notre intervention, le recteur et ses collaborateurs ont développé 3 axes:
- Prévention/ formation des personnels
- Signalement des situations
- Dialogues avec les familles
Concernant la prévention, un plan de formation de grande ampleur a été déployé. Ainsi, d’ici 4 ans les quelques 26 000 agents de l’académie seront formés. A la date de l’audience, 5500 agents ont été formés l’année scolaire précédente et 6500 le seront à l’issue de cette année.
Monsieur Duflanc (directeur de cabinet) et Monsieur Battle (référent laïcité) précisent que toute situation signalée est traitée. Nous avons insisté sur la nécessité d’informer les agents à l’origine du signalement des suites données.
Chaque agent peut donc signaler une situation via la plate forme en ligne
Le référent laïcité de l’académie peut également être saisi directement.
Le chef d’établissement doit être informé de ce manquement afin d’engager le dialogue avec l’élève, sa famille et ainsi en apprécier la teneur. Cette première phase de dialogue donne lieu à un écrit.
Si malgré cela, l’atteinte persiste, une procédure disciplinaire est alors engagé par le chef d’établissement.
Monsieur le Recteur a insisté sur la nécessité de rendre compte de ces situations pour prendre en charge au plus tôt via le chef d’établissement, l’IPR, le directeur d’école, l’IEN, le référent laïcité ou encore la plate forme en ligne.
Au niveau académique, la gestion des situations « élèves » est prise en charge par l’équipe ValRep (Valeurs de la république) et le référent laïcité. Concernant les situations impliquant des personnels, le Directeur de cabinet en assure le suivi.
Les situations particulièrement délicates font l’objet d’un suivi de la DGRH et interministériel.
Le Sgen-CFDT Bourgogne reste attentif à  ces situations. Les militants continuent d’être à l’écoute des collègues.Â
Le principe de laïcité permet de préserver nos élèves de tout prosélytisme idéologique, économique ou religieux.
     Citons la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen dans son article 10 « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public », l’article 1er de notre Constitution « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale », ou encore la loi de 2004 interdisant, dans son article L141-5-1, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse.
Les textes fondateurs nous guident au quotidien dans nos pratiques éducatives auprès des élèves. Permettant de garantir la liberté des individus, ce principe fait l’objet de discussions, de controverses voire de crispations, y compris au sein même de notre institution. L’histoire récente nous a malheureusement rappelé avec douleur et effroi que l’école pouvait être touchée en son sein.
Sujet donc plus que sensible pour ne pas dire brûlant parfois…
On peut comprendre la réticence et l’inquiétude des collègues à s’engager dans ce « combat ». En effet, la mise en oeuvre concrète du principe de laïcité n’est pas toujours chose aisée sur le terrain.
Fort de ses valeurs, le Sgen CDFT accompagne, conseille et défend au quotidien les collègues en prise avec les difficultés liées au principe de laïcité.