La réforme des retraites est un marathon, pas un sprint

Ce qui se joue autour de la réforme des retraites relève bien du marathon et non du sprint. Alors que beaucoup de choses peuvent encore bouger, nous faisons un point sur certains éléments récents.

Age pivot, âge d’équilibre.

Les deux termes, utilisés tour à tour dans le rapport Delevoye puis par le 1er ministre, désignent bien la même chose. Dans le projet de loi c’est le terme d’âge d’équilibre qui apparaît.

Cependant, cet âge d’équilibre existait en 2 versions :

Une version à court terme

avec mise en place dès 2022 qui aurait obligé de nombreux travailleurs à travailler 2 ans de plus. C’est cette version dont la CFDT a obtenu le retrait dans le projet de loi. Il s’agissait pour les salarié.e.s de la menace la plus immédiate.

Il va cependant falloir trouver les moyens de compenser les économies qu’aurait permis cette mesure.

C’est l’objectif de la conférence de financement qui doit bientôt se dérouler.

Une version à long terme

avec une mise en place en 2037, dans le cadre du nouveau système.
Celle-ci implique un système de bonus-malus suivant que l’on parte avant ou après l’âge d’équilibre, qui lui-même se relèverait progressivement.

La CFDT a obtenu
➜ que cet âge pivot puisse être individualisé en fonction des déroulements de carrière
➜ et que les salariés concernés par la pénibilité et par les carrières longues puissent obtenir des garanties pour que cet âge d’équilibre ne les oblige pas à partir plus tard qu’actuellement.

Toutefois elle continue de demander le retrait de cet âge d’équilibre et de considérer qu’il n’est pas nécessaire dans un système à points.

Le projet de loi

Il est présenté en conseil des ministres le vendredi 24 janvier et va pouvoir être dès lors examiné par les parlementaires avant passage à l’assemblée nationale et au Sénat.

Depuis décembre la CFDT mène un travail de sollicitation des parlementaires afin d’exposer nos positions et de les convaincre.

Si ce moyen d’action est moins visible que certaines manifestations il peut être tout aussi efficace.

Parmi les éléments clés pour améliorer le projet et obtenir une réforme juste socialement, il y a entre autres :
– la question de la pénibilité
– la situation des femmes
– la suppression de l’âge d’équilibre

Plutôt que de chercher une victoire par KO et le retrait du projet de loi qui amènerait un retour au système actuel, la CFDT cherche donc à pousser et à peser pour obtenir un projet de loi qui nous convienne et constitue un progrès pour notre société.

L’étude d’impact

Cette étude de près de 1000 pages accompagne le projet de loi. Elle est essentielle, car le refus du gouvernement de réaliser des simulations de masse joue pour beaucoup dans le flou actuel sur la réforme.

Les journalistes du Monde, mais aussi ceux des Echos se sont penchés fortement sur cette étude.

2 éléments que l’on peut ressortir de l’article du Monde :
➤ La réforme telle qu’elle se présente serait favorable aux salariés au niveau du Smic, notamment par la mise en place d’un minimum contributif plus élevé que l’existant ;
Mais l’âge d’équilibre vient « la pervertir » en poussant chacun à travailler plus longtemps pour obtenir des gains importants sur la pension.

Cet article de Libération et cet article de leur service Checknews, viennent confirmer ce que nous vous disions dans des articles précédents :

la réforme peut potentiellement être fortement redistributive. A condition d’obtenir les bons arbitrages en termes de paramètres !

C’est ce à quoi la CFDT cherche à s’employer.

La CFDT demande par ailleurs au gouvernement des simulations plus précises et plus détaillées. Seules celles-ci peuvent permettre d’y voir plus clair.

Et à l’Education Nationale ?

Pour les enseignant.e.s,

le chantier retraites et revalorisation est ouvert. De nombreuses réunions sont prévues dans les prochaines semaines. Vous trouverez les informations et nos revendications ici.

Mais nous n’oublions pas les personnels non enseignants

qui sont trop souvent mis de côté lors des discussions. Pour le Sgen-CFDT ce sont bien l’ensemble des personnels de l’Education Nationale qui doivent être concernés par les processus de rattrapage-compensation, avec une attention particulière à celles et ceux qui ont peu de primes et seront touchés fortement par le nouveau mode de calcul.

La transition entre les deux systèmes

Les personnes nées avant 1975 ne seront pas concernées par le nouveau système.

Celles nées après 2004 seront concernées uniquement par ce dernier.

Et puis il y a celles et ceux nés entre les 2 dates pour lesquels la question de la transition à partir de 2025 se pose. Pour ces personnels (la moitié des personnels de l’Education Nationale à ce stade) le calcul se fera avec une partie liée à l’ancien système et une partie liée au nouveau.

La CFDT revendique que le calcul des droits dans l’ancien système se fasse à partir du dernier salaire réel, et non du salaire de décembre 2024.

Ce calcul serait alors bien plus avantageux. Il y a eu des cafouillages gouvernementaux sur ce point mais il semble que nous soyons en train d’obtenir gain de cause.

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