Déclaration du Sgen-CFDT lors du CDEN de la Nièvre, jeudi 1O octobre 2O19 : statut des directeurs, surcharge de travail des administratifs, réformes menées au pas de charge, absence de reconnaissance, inégalités territoriales, parcours sup, pilotage injonctif...
La rentrée scolaire de septembre 2019 aurait pu se passer plus mal, sans doute, mais elle aurait pu beaucoup mieux se passer, ça c’est sûr !
Dans le 1er degré .
La gestion des classes, des élèves, et notamment ceux à besoins particuliers n’est pas toujours chose aisée. Les inspecteurs et conseillers pédagogiques le savent, les membres des CHS-CT également. D’autant moins aisé quand il y a manque de moyens, isolement, accroissement des charges de travail et de responsabilités. Je pense notamment aux directeurs d’écoles (même s’ils ne sont pas les seuls).
Le suicide de Christine Renon a provoqué un émoi très important au sein de la profession, et notamment chez les directrices et directeurs d’école qui se sont beaucoup reconnus dans la lettre qu’elle a écrite. Face à cette situation, cette urgence, le Ministre a effectué quelques annonces. Pour le Sgen-CFDT, qui avait obtenu l’inscription de la direction d’école à l’agenda social 2019, ces mesures, si elles ont le mérite d’exister, ne peuvent pas soulager les directeurs et directrices d’école.
Combien de directeurs et de directrices évoquent aujourd’hui les injonctions, la difficulté de tout faire dans la précipitation, le temps qui manque et surtout la non-reconnaissance de leur métier… À court terme, Le Sgen-CFDT demande un abaissement du seuil des décharges pour donner plus de temps dans toutes les écoles. Mais cela ne suffira pas. Il faut également passer par une meilleure reconnaissance qui peut se concrétiser par une revalorisation de l’indemnité allouée.
Enfin et surtout, le Sgen-CFDT milite depuis de nombreuse années pour la création d’un statut du directeur, de la directrice d’école pour exercer pleinement son métier et les responsabilités qu’il ou elle possède déjà. Il faut mener de front aussi la réflexion sur le statut de l’école. Les deux sont fortement liés, car comment imaginer un statut du pilote sans statut de l’établissement qu’il va diriger, sans structuration des instances internes de décisions, sans implication de l’ensemble des acteurs de la communauté éducative.
Un statu quo n’est plus possible !
Dans le second degré
Les personnels et les chefs d’établissements tentent de mettre en place les réformes brutales avec de grandes difficultés. Du stress et des inquiétudes qui sont partagées par les familles et les élèves. Quid de l’égalité de l’enseignement entre les territoires avec la mise en place des spécialités.
Or, c’est bien tout le système éducatif qui pâtit des inégalités scolaires étroitement corrélées à la discrimination sociale. La seule mesure du ministre pour contrer cet effet se résume pour l’instant au 1er degré avec le dédoublement des CP/CE1 en REP+ qui peut sans doute assurer une égalité du « lire/écrire/compter » à partir du CE2.
Ensuite… La politique du gouvernement envers la jeunesse est hésitante et très insuffisante pour lever leurs craintes. Les modalités d’accès au supérieur sont très angoissantes pour une partie des jeunes, qui ont le sentiment qu’on ne les y attend pas, qu’une sélection opaque va s’opérer, non seulement sur leur « niveau » scolaire, mais aussi sur la série de leur bac, sur leur lieu de vie, autrement dit, que vont jouer largement des critères d’inégalités socio-culturelles, indépendants de tout mérite scolaire.
Dans les coulisses, les personnels font preuve eux aussi de beaucoup de courage. Dans les services, dans les établissements, dans les gestions, faire plus avec moins. Deux suppressions de postes à la DSDEN. Centralisation des services vers Dijon et Besançon. Les personnels d’intendance ou administratifs voient leurs missions se développer, se complexifier, et l’arrivée de nouvelles applications n’est pas sans les inquiéter car les charges de travail supplémentaires annoncées ne tiendront pas dans leur service. Des collègues absents non remplacés. Parfois même l’on connait la pathologie du malade et l’on sait à l’avance que cela va malheureusement occasionner une absence longue. Pas de remplacement pour autant. Pas d’anticipation. Un management et une gestion des ressources humaines qui mettent les personnels en grande difficulté sur le terrain. On laisse les services aller à vau l’eau. A Imphy, à La Charité et ailleurs.
Qu’attend-on au ministère pour prendre en compte les alertes des syndicats, le mal être des personnels, dans le 1er, le second degré, à l’université, dans les services et les établissements scolaires ?
Notre petit département, autant qu’un autre, est impacté par le manque de reconnaissance. Alors que la collectivité territoriale ce 14 octobre, dans le cadre d’un véritable dialogue social, étudiera différents scénarii pour mettre en place un système indemnitaire équitable pour gratifier au mieux ses personnels pendant que l’Etat gèle le point d’indice des fonctionnaires, au niveau académique on attend un nivellement entre Dijon et Besançon pour étudier une hypothétique évolution indemnitaire pour les personnels BIATSS, les personnels technicien, administratifs, de santé et du social. Même si la masse salariale n’est pas comparable, les message politiques des deux administrations sont aux antipodes l’un de l’autres.
D’ailleurs… que devient la prime exceptionnelle promise par le ministre puis par le recteur pour remercier les personnels administratifs réquisitionnés pendant la grève du bac ? Aucune circulaire, à notre connaissance, n’a été adressée aux chefs d’établissements pour désigner les personnels bénéficiaires et le rectorat fait la sourde oreille, sauf pour dire qu’aucune enveloppe supplémentaire n’est venue abonder de budget du rectorat pour permettre le versement de cette indemnité particulière.
Une rentrée bien plus terne que le visage réjouit du ministre dans les médias.
service public
Tout le secteur public est impacté par la politique budgétaire des ministres en charge de ces portefeuilles : La Santé, la sécurité, l’éducation. Inutile d’illustrer par des faits d »actualité. Il suffit de constater le décrochage de la rémunération et du pouvoir d’achat des agents qui est incontestable. Tous les personnels sont concernés. A l’Éducation nationale on peine à recruter et garder non seulement des enseignants, mais aussi des médecins scolaires et des administratifs. Tous les personnels sont concernés, car sans travail plus poussé sur l’égalité professionnelle, intégrer les primes au calcul des retraites, c’est intégrer la part de rémunération la plus inégalitaire. La reconnaissance ne se paiera pas de mots car les agents savent ce que la réussite de la rentrée doit à leur travail dans des conditions parfois difficiles et notamment du fait d’une intensification du travail.
Les agents attendent des mesures tangibles car ils se sentent peu reconnus sous le coup de discours qui déprécient leur travail. La confiance est émoussée par un pilotage injonctif qui fait peu de cas de l’expertise professionnelle, par des missions nouvelles sans contrepartie. La confiance est émoussée, de la part des agents du service public, mais aussi par nombre d’usagers, des parents et bien sur des élèves, les premiers concernés, même ceux oubliés sur le trottoir par le ramassage scolaire récemment.
Quelle qualité de services publics souhaite-t-on offrir à la population en supprimant des postes et en éloignant les services des usagers? Parfois même, dans certains territoires, les populations n’ont plus accès aux services publics. Parce que des bureaux ont fermé, des écoles, des hôpitaux, des trésoreries. Ils n’ont pas accès non plus aux applications incroyablement complexes mise en ligne parce que les connexions à internet sont incertaines voire inexistantes. La métropolisation, l’aspiration des services publics vers les capitales, leur disparition localement sous la bannière d’une pseudo rationalisation basée uniquement sur une politique comptable, sont les moteurs de l’inégalité territoriale qui se creuse.