La Nièvre va à son tour expérimenter les pôles d’appui à la scolarité (PAS)

Deux ans après la Conférence Nationale des Personnes Handicapées, le gouvernement entend passer à la vitesse supérieure mais a-t-il vraiment les moyens des ambitions affichées notamment pour l’amélioration des conditions de travail des personnels à l’heure où l’austérité revient à grands pas ?

Ecole inclusive : une situation difficile pour les élèves et les personnels

Au sein des classes françaises, de nombreux enfants perturbent la sérénité nécessaire aux apprentissages. Qu’ils soient notifiés MDPH ou non, la situation peut devenir très vite invivable pour les collègues, personnels et autres enfants de la classe qui se retrouvent le plus souvent sans solution immédiate. Aujourd’hui ils font face à des injonctions contradictoires : respecter des normes (programmes, évaluations, horaires…) tout en accueillant de plus en plus de profils d’élèves. La CFDT Education Formation Recherche Publiques ne remet pas en cause le principe d’inclusion inscrit dans la Loi mais les personnels doivent trouver une réponse à ce désarroi professionnel qui peut rejaillir sur leur santé. C’est bien pour cela que le système éducatif a besoin d’un projet ambitieux qui dépasse le cadre strict de l’éducation en mettant en place un projet interministériel, un projet que la CFDT porte depuis longtemps maintenant.

Il faut garder en tête qu’entre 2004 et 2022, les élèves en situation de handicap accueillis en classe ont augmenté de 225%. Et c’est une bonne chose que de faire reconnaître une incapacité à réaliser certaines activités sans aide ! La loi de 2005 à ce sujet préconise des compensations, une meilleure accessibilité (matérielle mais aussi concernant l’accès aux savoirs concernant l’EN) et l’accès à la formation. Cependant le nombre de personnels pour les accompagner est largement insuffisant.

Les PIAL n’ont depuis leur mise en place fait que gérer la pénurie d’AESH et en aucun cas permis de proposer des solutions à de nombreuses inclusions et ce malgré la bonne volonté des acteurs et actrices.

Pour la CFDT Education Formation Recherche Publiques, il faut penser l’inclusion autrement en mettant en place des équipes pluriprofessionnelles chargées de la prise en charge des enfants y compris pour celles et ceux qui ne sont pas notifiés MDPH.

Les Pôles d’appui à la scolarité (PAS)

Le Ministère semble l’avoir entendu et expérimente des Pôles d’Appui à la Scolarité dans 4 départements dont la Côte-d’Or, en vue d’une généralisation en 2027. Ces PAS seront composés d’un binôme professeur référent/éducateur spécialisé (financé par l’ARS). Objectif affiché : garantir une réponse en cas de signalement d’une difficulté particulière avec un.e élève au sein d’une école ou d’un établissement et ce de la maternelle à la terminale. Le PAS doit répondre aux besoins des élèves, des familles et des professeurs. Pas besoin de notification MDPH pour déclencher l’aide. Autour de ce PAS, des professionnels spécialisés chargé de remédier aux difficultés de l’enfant pourront être sollicités directement : ergothérapeute, psychiatre, psychologue, psychomotricien… Le PAS doit permettre une expertise des besoins avec des réponses de premier niveau (aménagement pédagogique, préconisation de matériel pédagogique adapté, appui ponctuel de professionnels…) mais aussi des expertises de situations complexes pour permettre des propositions de pistes d’adaptations par les éducateurs et la mise en réseau des professionnels au service de la réussite scolaire.

Concrètement dans la Nièvre

Lors de la réunion de présentation du dispositif avec les organisations syndicales le 9 mai, La DASEN souligne la situation sociale difficile du département et met en avant deux indicateurs pour se lancer dans l’expérimentation :

– L’augmentation continue des demandes MDPH alors même que le département perd des élèves

– Le nombre de fiche SST et de faits établissement croissant qui dénote une souffrance des personnels en lien avec la gestion des élèves perturbateurs notamment.

Cartographie des PAS

8 PAS vont ainsi être créés, englobant les 21 PIAL qui continuent d’exister. Ils seront implantés dans des lycées et coïncideront au maximum avec les PIAL et les circonscriptions du 1er degré :

– PAS 1 autour de Decize : implanté au lycée Maurice Genevoix de Decize (PIAL Decize et St Pierre)

– PAS 2 Morvan : implanté au lycée des métiers de Château-Chinon(PIAL de Moulins Engilbert, Luzy, Lormes, Corbigny, Cercy-la-Tour, Château Chinon)

– PAS 3 Varzy : implanté au lycée de Varzy (PIAL de Varzy et René Cassin de Cosne)

– PAS 4 Cosne : implanté au lycée Pierre-Gilles de Gennes à Cosne (PIAL de Claude Tillier et La Charité)

– PAS 5 Nevers : implanté au lycée Alain Colas à Nevers (PIAL des Loges et des Amognes)

– PAS 6 Nevers : implanté au lycée Jean Rostand et au CIO de Nevers (PIAL de Fourchambault et Varennes Vauzelles)

– PAS 7 Nevers : implanté au lycée Jules Renard à Nevers (PIAL Adam Billault et Guérigny)

– PAS 8 Nevers : implanté au lycée Jules Renard de Nevers (PIAL Les courlis et Victor Hugo)

Une dizaine d’AESH vont se voir proposer un changement de PIAL mais resteraient sur la même commune. La CFDT Education Formation Recherche Publiques y sera particulièrement attentive.

Des inquiétudes spécifiques

Si le dispositif nous semble intéressant, le département fait face depuis longtemps au manque cruel de personnels médicaux sociaux. Comment trouver et recruter les personnels nécessaires ?

Par ailleurs, comme nous l’a confirmé la DASEN, aucun moyen humain supplémentaire n’est attribué pour cette expérimentation, qui se fera par des réaffectations de postes. Ainsi 7 postes vacants, se verront fermés pour permettre la création de postes de coordinateurs de PAS. La CFDT Education formation recherche publique le dénonce, tout particulièrement pour le cas de fermeture de poste RASED, dont les élèves et les personnels manquent cruellement.

Nous avons également alerté la DASEN sur la question des frais de déplacement au sein de PAS étendus géographiquement dans un département qui manque de solutions de mobilité. Le financement du matériel pédagogique qui pourrait être préconisé est également une interrogation.

Enfin nous avons interrogé la DASEN sur la rémunération de ces coordinateurs et coordinatrices qui pourrait perdre leur ISOE / ISAE. La question est à l’étude, et la rémunération sera précisée dans les fiches de poste qui devraient paraitre rapidement.

Pour une réelle inclusion, la CFDT Education formation recherche Publiques revendique :

– Un allégement des effectifs classe voire un plafonnement en fonction du nombre d’élèves à besoins éducatifs particuliers

– Plus de personnels pour accompagner et inclure réellement tous les élèves

– L’affectation de personnels spécialisés dans les établissements

– Un statut de catégorie B pour les AESH afin de mettre fin à la précarité de leur statut

– La constitution ou la consolidation d’équipe d’appui