Le vendredi 7 février 2020, lors d’une réunion avec les syndicats représentatifs dont le Sgen-CFDT, le ministère a présenté ses propositions de revalorisation des enseignant.e.s, CPE et PsyEN pour l’année 2021. L'enjeu principal : les modalités d'utilisation des 500 millions d'euros en 2021.
A ce stade, les 500 millions d’euros iraient bien à la revalorisation des enseignant.e.s, CPE et PsyEN, mais aussi pour des mesures que le Sgen-CFDT n’accepte pas.
500 000 000 d’euros de plus pour la revalorisation des enseignants, PSY-EN et CPE
Le directeur général des ressources humaines a confirmé une augmentation du budget de l’Éducation nationale de 500 000 000 d’euros par rapport à 2020, hors augmentation prévue au titre du GVT (augmentation de la masse salariale liée aux changements d’échelon, de grade ou de corps prévisibles), ou d’autres politiques déjà engagées par le ministère sur le plan éducatif.
Cette première enveloppe sera complétée par d’autres du même ordre au fil des années dans le cadre d’une loi de programmation pluriannuelle qui sera préparée à l’été 2020. La loi de programmation pourrait porter sur 5 années de 2022 à 2026. Son rapport annexé, qui aura valeur législative, comportera les précisions sur la trajectoire au-delà de 2026.
Le ministère vise plusieurs objectifs dans le cadre de la loi de programmation :
- Revaloriser les rémunérations pendant toute la carrière à la fois pour compenser la réforme des retraites et pour reconnaître le travail, il prévoit donc des revalorisations pour toutes et tous ;
- Améliorer la gestion des ressources humaines, la qualité de vie au travail et la santé au travail, améliorer l’organisation du travail ;
- Améliorer le service public rendu à la population.
La loi de programmation est préparée par des concertations avec les syndicats représentatifs entre janvier et avril, puis des négociations jusqu’à la fin du mois de juin. Pour une fois, le ministère ne reçoit pas les syndicats pour présenter des décisions déjà prises et des textes déjà écrits. Cela laisse de la place pour le dialogue social mais aussi pour le flou et les incertitudes.
Utilisation des 500 millions d’euros en 2021 : deux bonnes pistes et deux fausses routes
Le ministère a présenté quatre propositions d’utilisation du budget de 500 millions d’euros :
- Première étape de revalorisation portant sur les débuts et milieux de carrière ;
- Amélioration des déroulements de carrière ;
- Augmentation des budgets pour l’indemnisation des formations se déroulant pendant les vacances scolaires ;
- Augmentation des budgets pour les heures supplémentaires rémunérant les remplacements de courte durée.
Si le Sgen-CFDT est prêt à travailler sur les deux premières pistes, les deux autres sont clairement des fausses routes.
Depuis le début des concertations autour de la réforme des retraites et de la revalorisation, nous n’avons de cesse de répéter que nous ne voulons pas d’une augmentation du temps de travail des personnels. Travailler plus pour gagner plus, ce n’est pas de la revalorisation. Nous l’avons donc redit le 7 février 2020.
Revaloriser les débuts et milieux de carrière : les propositions du ministère
A ce stade, le ministère propose d’utiliser la « majorité des 500 millions d’euros » pour démarrer la revalorisation des enseignant.e.s, CPE et PsyEN en démarrant par les débuts et milieux de carrière. Les autres personnels auraient des éléments de revalorisation par la suite, dans le cadre de la loi de programmation. Le Sgen-CFDT a toujours dit qu’il fallait des revalorisations pour tous les personnels.
Pour le moment, le ministère présente quatre schémas possibles de revalorisation en 2021. Il attend les propositions complémentaires ou alternatives des syndicats représentatifs avant de prendre des décisions.
Ce qui est sur la table c’est une revalorisation par le biais d’une prime qui sera versée sans condition (aucune mission nouvelle demandée aux personnels concernés), et qui serait différenciée uniquement selon les échelons afin de prioriser les débuts et milieux de carrière. Le ministère ayant parmi ses objectifs la compensation de la réforme des retraites (et c’est bien sur les débuts et milieux de carrière que le bât blesse), mais aussi l’attractivité du métier alors que les inscriptions aux concours diminuent d’année en année.
Selon les schémas présentés, la première étape de revalorisation pourrait :
- Concerner les personnels des échelons 2 à 8 de la classe normale,
- S’élever à des montants annuels pouvant aller jusqu’à 1880 euros nets.
Schématiquement, plus la revalorisation en 2021 concerne une forte proportion des enseignant.e.s, CPE et PsyEN, plus le montant annuel de la prime serait faible. A l’inverse, si la proportion de personnels concernée en 2021 est plus faible, plus le montant annuel de la prime serait élevé.
Dans le cadre de la loi de programmation, le principe serait d’amplifier la prime : aux échelons non concernés en 2021, et en terme de montant aux différents échelons.
Voir le scénario 1 de revalorisation des enseignants, CPE et Psy-EN pour l’année 2021
Voir le scénario 2 de revalorisation des enseignants, CPE et Psy-EN pour l’année 2021
Voir le scénario 3 de revalorisation des enseignants, CPE et Psy-EN pour l’année 2021
Voir le scénario 4 de revalorisation des enseignants CPE et Psy-EN pour l’année 2021
Améliorer les déroulements de carrière : une piste à préciser
Le ministère propose de travailler à l’amélioration des déroulements de carrières. Pour le Sgen-CFDT, cela reviendrait à améliorer le protocole sur les parcours professionnels, les carrières et les rémunérations en :
- Augmentant les taux de promotion à la hors-classe,
- Améliorant le dispositif d’accès à la classe exceptionnelle sans pour autant annuler la reconnaissance de modalités d’exercices comme par exemple l’éducation prioritaire ou la direction d’école,
- Fluidifiant encore le déroulement de carrière en classe normale.
Pour le Sgen-CFDT, les 500 millions d’euros prévus en 2021 doivent être consacrés à ces deux mesures : revalorisation et amélioration des déroulement de carrière.
Charge de travail en plus : les personnels n’en veulent pas, le Sgen-CFDT non plus
Quant aux deux autres propositions ministérielles sur la formation et les remplacements de courte durée, elles visent à augmenter le temps de travail des personnels via la rémunération de travail en plus. C’est la vieille rengaine du travailler plus pour gagner plus qui évite à l’État employeur de réfléchir à d’autres voies et moyens d’améliorer le service rendu au public. Il fait comme si cette responsabilité incombait aux seuls agents sans se questionner sur l’amélioration de l’organisation du travail.
Pour le Sgen-CFDT, ce sont donc des mauvaises pistes. Les personnels sont confrontés depuis plusieurs années à une intensification de leur travail. Ils ont besoin que tout le travail réalisé soit reconnu et organisé correctement, pas qu’on leur ajoute du temps de travail.
Puisque le dialogue se poursuit, le Sgen-CFDT continuera d’agir pour démontrer au gouvernement pourquoi ces mesures sont inacceptables pour les personnels et ne répondent pas à la question de l’amélioration du service public.
Nos objectifs sont clairs :
- une revalorisation pour reconnaître le travail réel,
- une revalorisation pour que les agents gagnent plus pendant leur carrière et conservent leur niveau de pension dans le cadre d’un changement des règles de calcul,
- des mesures pour améliorer les conditions de travail.
C’est ainsi que nos métiers retrouveront de l’attractivité. Au gouvernement maintenant de prioriser les bons objectifs politiques plutôt que de ressortir des vieilles lunes.