Ecole inclusive : ULIS en danger

Damien est professeur coordonnateur en ULIS depuis 2013 au collège d'Is-sur-Tille. Il témoigne sur l'importance de son travail de coordination et la faible reconnaissance de celui-ci.

Un public complexe

J’accueille 9 à 11 élèves tous les ans, âgés de 11 à 15 ans, mais de niveau scolaire allant de la Grande Section de maternelle à la 5ème. Tous les élèves souffrent de handicap cognitif.

J’ai créé un réseau de collègues acceptant de prendre les élèves de l’ULIS en inclusion.

Mes 2h de coordination en HSE m’ont été retirées depuis septembre. Pourtant, elle ne me semblaient pas volées vu le temps consacré à fédérer, rassurer et suivre les inclusions.

Faire le lien

Mon temps pendant la pause méridienne passe toujours très vite puisque je suis à la disposition des collègues. Il ne se passe pas un jour sans que j’envoie un mail ou passe un coup de téléphone. Je reçois quotidiennement de façon informelle à la pause ou directement dans ma salle, un collègue pour adapter au mieux le suivi des élèves. Les élèves de l’unité  sont accueillis gracieusement par les enseignants. Mais il faut les accompagner à travailler avec des élèves souffrant de handicap. Je suis le seul à avoir reçu une formation de l’Éducation Nationale lors du passage du CAPASH opt D (remplacé par le CAPPEI depuis 2017).

Très régulièrement, je reçois les parents qui sont logiquement inquiets, voire en souffrance. Je les rassure dans leur parcours de parents d’enfant souffrant de handicap. Je suis en contact presque quotidiennement  avec les parents qui n’hésitent pas à me téléphoner pour être au plus près des besoins de chaque élève accueilli.

Le parcours de soin de chaque enfant est prioritaire. Donc, je sollicite et suis sollicité par les différents partenaires et intervenants : CMP, SESSAD, privés, MDPH… Et ces contacts ont lieu plusieurs fois par jour, par téléphone, mail ou en direct avant ou après leurs diverses prises en charge.

Sans la reconnaissance du temps de coordination, il me sera très pénible de placer les réunions en dehors des heures de cours, pour moi-même, mais aussi pour mes collègues.

Enseigner

école inclusive ULISPour permettre le développement des apprentissages de chaque élève, j’élabore et j’adapte pour chacun d’entre eux un emploi du temps (EDT) qui concilie leurs compétences, leurs rendez-vous médicaux et les capacités d’intégration des collègues. Il est difficile d’accueillir un élève à besoin particulier dans une classe de 29 élèves.

Je crée ces EDT individualisés manuellement en septembre en fonction de tous les paramètres recueillis auprès des collègues.

En plus de toutes ces tâches, j’assure 21h d’enseignement hebdomadaire. La dysharmonie au sein de ma classe m’oblige à entièrement différencier les maths et le français. Dans les autres matières, j’essaie le plus possible de travailler en classe en collectif. En moyenne j’ai 6 à 7 élèves en même temps. A minima, les élèves ont 2h d’inclusion en EPS. Au maximum, certains ont jusqu’à 16h d’inclusion par semaine. Bien sûr, il faut accompagner le travail fait en inclusion et gérer les devoirs maison. En effet, les élèves d’ULIS n’en ont jamais eu à faire en autonomie.

Dans le but de donner des compétences sociales adaptées à leur âge, j’associe tout ou partie des élèves aux activités proposées dans le collège. Malgré leurs difficultés scolaires, ils participent aux sorties pédagogiques, à la validation de l’ASSR (Attestation Scolaire de Sécurité Routière), au dispositif « école au cinéma » ou encore aux animations du CDI. Toutes ces activités nécessitent une adaptation pour ne pas mettre les élèves inclus en difficultés.

Le Sgen-CFDT lance une alerte sociale pour demander du temps et des moyens pour l’inclusion scolaire. #AlerteEcoleInclusive

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