Résultats Pirls : des mesures inadaptées

Des annonces précipitées

Dès la diffusion des résultats de l’étude Programme International de Recherche en Lecture Scolaire (PIRLS) sur les capacités de compréhension des élèves en lecture, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, s’est empressé d’annoncer une série de mesures.

Une réactivité et des préconisations qui ont de quoi surprendre sur le fond comme sur la forme.

Pour le Sgen-CFDT, se saisir réellement des résultats de PIRLS est nécessaire. Pour le faire, il convient de se garder des effets d’annonces et du pilotage descendant.

Ce n’est pas en uniformisant la classe et en niant le professionnalisme des personnels que nous surmonterons le défi qui est devant nous.

De la communication plus que de la réflexion

Certaines mesures, comme la dictée quotidienne, qui ont fait grand bruit ne semblent pas adaptées au défi posé par les résultats de l’enquête PIRLS, d’autant que c’est déjà une pratique courante dans de nombreuses classes.

D’autres remettent en cause le professionnalisme des professeur.e.s des écoles qui ne pourraient plus choisir ou élaborer leurs supports d’enseignement, ni concevoir l’organisation de leur enseignement adapté à l’observation qu’ils et elles font des apprentissages et difficultés de leurs élèves. Ainsi « des recommandations du Conseil scientifique pour aider les professeurs à bien choisir leurs manuels » ressemble à de la censure déguisée.

D’autres semblent indiquer que le traitement de la difficulté à comprendre les textes doit se résoudre en dehors de la classe exclusivement. APC, AP et « devoirs faits » seront mobilisés, avec les difficultés que rencontre déjà dans notre académie « devoirs faits« .

Les programmes, qui ne devaient pas être touchés, seront « clarifiés ». Un retour en arrière (grammaire, conjugaison) est annoncé. Le Sgen-CFDT rappelle que les élèves évalués par Pirls ont davantage été soumis aux programmes de 2008 qui donnaient plus de place à la conjugaison et moins à la compréhension. Quant aux repères annuels que le CSP devra produire d’ici 2018, ils semblent contradictoires avec la logique de cycle.

Les recommandations faites en mars 2016 par le CNESCO, les réflexions, formations et outils pour alimenter la réflexion pédagogiques des équipes par l’Institut Française de l’Education (IFE), les Écoles Supérieures du Professorat et de l’Education (ESPE), les centres académiques de ressources pour la maîtrise de la langue semblent oubliés. Seul compte  le nouveau « Conseil Scientifique ». Alors qu’on devrait au contraire construire les dispositifs pour permettre au plus grand nombre de collègues de les approprier et ainsi de faire évoluer le travail qu’ils et elles mènent avec les élèves que ce soit dans la classe et dans les dispositifs utiles en complément.

Enfin, une « Une lettre du ministre aux professeurs » viendra éclairer les enseignants et résoudra toutes les difficultés.

Voir les déclarations et mesures proposées par le ministre sur le site du ministère de l’Education Nationale.