D'après plusieurs sources, Jean-Michel Blanquer va annoncer une nouvelle réforme du brevet, dont la dernière mouture a tout juste un an. Plus qu'une réforme d'ailleurs, il s'agit d'ajustements qui rendent l'examen encore un peu plus complexe et un peu plus illisible...
Les propositions de Blanquer sur le nouveau brevet, l‘analyse du Sgen-CFDT national
Après la remise en cause de la réforme des rythmes scolaires puis de celle de la réforme du collège et des EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires), on s’attendait à ce que notre hyper-actif ministre s’attaque au brevet des collèges. Ce sera bientôt chose faite puisque vont être annoncés dans les prochaines semaines plusieurs ajustements donc voici un résumé.
Un énième retour aux « fondamentaux » ?
3 épreuves au lieu de… 3 épreuves…
Najat Vallaud Belkacem avait voulu un examen interdisciplinaire, où un fil directeur aurait réuni le français, l’histoire-géo et l’EMC dans un bloc, les maths et les Sciences dans un autre avec en plus un oral portant sur un projet mis en place lors des EPI, donc en interdisciplinarité.
Sauf que dans les faits, les élèves ont continué de passer les différentes disciplinaires séparément et ne sont sans doute pas rendu compte du fil directeur… Si Jean-Michel Blanquer annonce donc un retour à 5 épreuves séparées, cela ne changera absolument rien dans les faits.
Le retour de l’histoire des arts… qui n’avait pas disparu
Autre retour en arrière qui ne casse pas des briques : l’épreuve orale pourra porter de nouveau sur le programme d’histoire des arts, ce qui était déjà possible puisqu’un élève pouvait s’appuyer soit sur un EPI, soit sur le parcours artistique et culturel. Rien de nouveau non plus de ce côté-là, Jean-Michel Blanquer nous refait le coup du « retour du latin », qui n’avait pas non plus disparu…
Plus de points pour l’examen, moins pour le contrôle continu
Enfin, le ministre s’est penché sur le barème et a trouvé un nouveau barème – qui va sans doute tout changer… – : selon L’Etudiant, « le barème se constituerait comme suit : les épreuves de français et de mathématiques seraient chacune sur 100 points, celle d’histoire-géographie et d’EMC sur 50 tout comme celle de physique-chimie, sciences de la vie et de la Terre et technologie. L’épreuve orale vaudrait, elle, 100 points. Il y aurait donc 400 points attribués via le contrôle continu qui évalue les compétences du socle commun. « Rééquilibrer le poids des épreuves terminales » par rapport à celui des compétences du socle est un des objectifs affichés par le ministère. En ce qui concerne les mentions, les seuils seraient les suivants : 480 points pour « assez bien », 560 pour « bien » et 640 pour « très bien ». «
Pourquoi maintenir le Brevet des Collèges ?
Bref, rien de très novateur une nouvelle fois dans la réflexion du ministre, puisqu’il propose simplement un retour en arrière alors qu’on peut se demander si le brevet n’est pas devenu un examen autant complexe qu’inutile.
Voilà de quoi pouvoir briller dans les médias en proclamant que « l’exigence est de retour » . Pour s’attaquer aux vrais défis du collège unique et çà la démocratisation de l’école qui nécessite de s’occuper des élèves les plus faibles et les plus en difficulté, il faudra attendre…
Pour le Sgen-CFDT qui n’a jamais défendu la version du Brevet mise en place par Najat Vallaud-Belkacem, il vaudrait mieux s’en tenir au socle commun qui fixe les 8 compétences à acquérir en fin de scolarité obligatoire pour tous les élèves. Cela aurait permis de mobiliser l’ensemble de la communauté éducative vers cet objectif d’une réussite minimale pour tous, d’économiser l’argent et le temps nécessaire à l’organisation de cette épreuve, et surtout de libérer les professeurs du bachotage auquel conduit inévitablement un examen fixé en fin d’année.
Au lieu de cela, nous avons droit à une nouvelle réformette qui ne changera à peu près rien à rien…
En savoir plus
La critique du CaféPédagogique : de l’examen complexe à l’épreuve absurde
L’article du Monde : Vers une énième réforme du Brevet des Collèges
Les positions très critiques du Sgen-CFDT sur l’ancien brevet :
« Malheureusement la logique du socle commun n’a pas toujours été appliquée jusqu’au bout. Elle suppose par exemple une liaison interdegré approfondie : les enseignants du primaire et du secondaire doivent se concerter et coopérer. Mais si des conseils de cycle et école-collège ont été créés, rien ne garantit qu’on aura les moyens humains et la volonté institutionnelle de les faire vivre pleinement. De même, faire du socle commun l’objectif de la scolarité obligatoire suppose de pratiquer l’évaluation par compétence dans le quotidien des écoles et des collèges. Mais on n’a voulu ni la rendre obligatoire ni investir dans sa diffusion auprès des collègues. Son rôle n’a par exemple pas été pensé dans le cadre de la liaison collège-lycée.
Plus grave, les intentions du socle commun ont été carrément contredites avec le maintien d’épreuves terminales du brevet, alors que la validation des compétences du socle aurait dû suffire selon les termes de la loi. Même si leur poids dans l’obtention du brevet reste mineur par rapport à la validation des compétences, il y a là une concession aux traditionalistes qui réduit la lisibilité du fonctionnement de l’école pour les familles comme pour les personnels. Pire enfin, les épreuves telles qu’elles sont prévues s’apparentent plus à un mini bac, disciplinaire, pléthorique et inutile, et sans lien réel avec les compétences. Une dérive que le Sgen-CFDT a dénoncé, dénonce et continuera de dénoncer. »