Les Épreuves Communes de Contrôle Continu (E3C) : décryptage

D'après le ministère, le nouveau baccalauréat "vise à mieux valoriser la régularité du travail et les progrès des élèves". Comment cela se met-il en place à travers les Épreuves Communes de Contrôle Continu (E3C) et quels sont les enjeux des E3C ?

Quel calendrier ?

Un calendrier imposé par le ministère …

Les E3C doivent se dérouler au cours du cycle terminal, du mois de janvier de la classe de première au mois de juin de la classe de terminale.

1ère série d’épreuves 2ème série d’épreuves 3ème série d’épreuves
Classe de première Classe de première Classe de terminale
De janvier à mi-mars D’avril à mi-juin De mai à juin
-> Histoire – Géographie (2h)

-> Langues vivantes A et B (1h)

-> Mathématiques (voie technologique) (2h)

-> Histoire – Géographie (2h)

-> Langues vivantes A et B (1h30min)

-> Mathématiques (voie technologique) (2h)

-> Enseignement scientifique (voie générale) (2h)

-> Enseignement de spécialité non retenue pour la terminale (voie générale) (2h)

-> Histoire – Géographie (2h)

-> Langues vivantes A et B (2h10min)

-> Mathématiques (voie technologique) (2h)

-> Enseignement scientifique (voie générale) (2h)

… pédagogiquement contestable.

La seule série d’épreuves en classe de terminale est prévue en fin d’année, ce qui ne permet pas d’évaluer la régularité ni la progression des élèves sur cette dernière année pré-baccalauréat. Une série d’épreuves entre les mois de janvier et de mars de la classe de terminale (comme cela est prévue en classe de première) permettrait d’évaluer plus régulièrement les élèves.

Quelle organisation pour la passation des épreuves ?

Les modalités d’organisation définies par le ministère

-> Les épreuves d’E3C sont organisées par chaque établissement. Cependant une mutualisation entre établissements est possible. En cas de mutualisation, les élèves passent donc les E3C dans leur établissement ou dans un établissement proche.

-> L’organisation des E3C ne doit pas remettre en cause le bon fonctionnement des établissements.

-> Il n’est pas nécessaire de prévoir des salles « format examen » ni de surveillances multiples.

-> Les élèves bénéficiant d’aménagements d’épreuves passeront les E3C dans les conditions prévues dans le cadre de leur scolarité.

… ne tiennent pas compte de la réalité.

-> Compte tenu du temps de mise en place, de distribution et de ramassage des copies et du fait que les élèves puissent passer les E3C « à l’extérieur », il semble très compromis que l’organisation des E3C n’impacte pas le déroulement habituel des établissements.

-> Le fait que les élèves passent les E3C dans des salles de classe en configuration habituelle et sans surveillance supplémentaire pose un sérieux problème de fraude. Lors d’évaluations « classiques », pour éviter les fraudes, les enseignants proposent parfois deux sujets distincts aux élèves. Chaque équipe prend les mesures appropriées pour sanctionner les fraudes. Dans le cas des E3C, la situation est beaucoup plus complexe car les équipes ne peuvent envisager aucune des stratégies adoptées habituellement . De plus,  la surveillance par une seule personne n’est pas envisageable. En effet, que faire lorsqu’un élève doit sortir de la salle si personne n’est présent pour l’accompagner ?

-> Quant aux éventuels temps supplémentaires, les modalités d’attributions sont elles les mêmes pour les E3C que pour les épreuves finales ? Comment s’assurer que les dossiers des élèves pouvant bénéficier d’un temps supplémentaire soient finalisés dés les premiers E3C ? Est-il possible d’appliquer lors des E3C les mêmes aménagements que ceux habituellement faits en classe ? Ces questions devraient trouver réponse dans une future note de service.

Sur quels sujets portent ces évaluations  ?

La note de service ministérielle indique que :

-> Les sujets sont choisis, par le chef d’établissement sur proposition des équipes pédagogiques, parmi une banque nationale de sujets. L’existence d’une banque nationale permet l’égalité de traitement des candidats.

Des bugs répétés rendent difficile l’accès  à la banque  officiellement possible depuis le 9 décembre 2019 .

-> Les sujets choisis doivent pouvoir être traités dans leur intégralité (en particulier pour la première série d’épreuves).

-> Les sujets ne sont pas modifiables  mais  il est possible de les adapter aux besoins des élèves en situation de handicap.

-> Un sujet ne peut être choisi pour une autre série d’épreuves au sein d’un même établissement.

-> Un sujet ayant été choisi un grand nombre de fois sera supprimé de la banque.

L’avis du Sgen-CFDT :

-> Dans l’esprit de la réforme, les E3C ne doivent pas donner lieu à des périodes de bachotage. Cependant, la mise à disposition des sujets auprès des candidats ne risque-t-elle pas de produire l’effet inverse. En effet, les technologies actuelles permettront très facilement aux élèves de se rendre compte des sujets les plus choisis  avant leur retrait de la banque. Ne risque-t-on pas une course au plus offrant concernant la publication de corrigés ?

-> Les épreuves d’E3C ne peuvent être prises en compte dans le bulletin trimestriel. En effet, les élèves ne doivent pas connaître leur note avant la commission d’harmonisation. De plus, si tel était le cas, la note d’E3C entrerait alors dans les 10% de contrôle continue relatif au livret scolaire et serait alors sur-prise en compte dans le calcul final pour l’obtention du baccalauréat. En conséquent et pour de multiples autres raisons, les E3C consistent bien en une charge de travail supplémentaire demandée aux enseignant.e.s et aux autres acteurs des établissements.

Quelles seront les modalités de correction ?

La note de service ministérielle prévoit que :

-> Tout d’abord, les copies soient anonymisées et corrigées de façon dématérialisée. Ainsi après les épreuves, chaque établissement devra numérisé ses copies  avant de les répartir et les transmettre aux correcteurs. La correction se fait ensuite « sur écran ».

-> Ensuite, les correcteurs ne doivent pas corriger les copies de leurs élèves et qu’ils ne soient pas amenés, dans la mesure du possible, à ne pas corriger plus de deux sujets différents.

-> Enfin, aucun corrigé national ne soit établi. Cependant, les correcteurs doivent suivre les barèmes figurant sur les sujets .

L’avis du Sgen-CFDT :

-> L’égalité de traitement ne peut pas être assurée s’il n’existe pas de commission d’entente en amont des corrections et sans corrigé national.

-> De plus, que penser de la correction en ligne ?

Quel seront les rôles de la commission  d’harmonisation ?

Selon la note de service ministérielle, la commission d’harmonisation :

-> À pour but de préserver l’égalité entre les candidats.

-> Se compose d’IA-IPR, de professeurs et de représentants de tous les enseignements concernés.

-> Se tient à la fin de chaque série  d’évaluation.

-> Est la seule à pouvoir modifier des notes.

-> Dispose des moyennes par sujet, des moyennes par correcteur et des moyennes académiques par enseignement.

L’avis du Sgen-CFDT :

-> Cependant, l’harmonisation ne peut pas corriger les très grandes disparités liées :

– à la multitudes des sujets

– à la multitude des correcteurs

– au manque de concertation en amont des corrections

– à l’absence de corrigé national

Que revendique le Sgen-CFDT ?

Tout d’abord, le Sgen-CFDT revendique l’abandon des E3C.

À défaut, ces E3C sont des épreuves de baccalauréat, donc le Sgen-CFDT revendique :

-> La mise à disposition de corrections types pour alléger le temps de travail et limiter les inégalités.

-> Un secrétariat d’examen avec une enveloppe conséquente de rémunération des acteurs qui feront face à la charge de travail, aux responsabilités induites et à l’aménagement du format et des conditions de passations des élèves.

-> Une reconnaissance financière pour les enseignants concernés par ces épreuves cumulatives (comme pour les copies de bac actuellement).

-> Des équipes de direction complètes (avec a minima un.e adjoint.e par établissement). En effet, la mise en place des E3C est particulièrement lourde : organisation, numérisation des copies …

-> Pas de sur-contrôle par les hiérarchies intermédiaires : la main doit être laissée réellement aux établissements pour l’organisation pratique (dates, modalités…)

Les articles : E3C : alléger, inventer mais surtout garder la main !  et Vers un bac à 18 épreuves ? il y a encore des choix à faire pour éviter le pire ! présentent les revendications du Sgen-CFDT.

Quelques propositions faites lors du comité de suivi national du 5 décembre 2019.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !

La note ministérielle concernant les E3C est téléchargeable.

Lettre ouverte au Ministre en date du 10 janvier 2020 : les signataires lui demandent de renoncer à la session de janvier 2020. 

Notre dossier : Le Sgen très critique sur la réforme du lycée