CHSCTA 01/02/2021: Dialogue de sourds

CHSCTA du 1er février 2021. Encore une fois, impossible de faire entendre à la rectrice que la situation sur le terrain ne correspond pas aux annonces du ministre. Il n'y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

A la question posée au début du CHSCTA du 01/02/2021: Comment vont la santé, la sécurité et les conditions de travail des personnels en ces temps de crise sanitaire?

La réponse de la rectrice et de la secrétaire générale est: « Très bien. Nous vous avons distribué des masques, nous organisons des tests antigéniques, les cas contacts sont très bien gérés et le protocole sanitaire est bien appliqué dans les établissements scolaires. Le virus ne circule pas dans les établissements scolaires et si les personnels sont contaminés, c’est qu’ils se sont contaminés à l’extérieur: il y a plus de risque de se contaminer à l’extérieur que sur son lieu de travail. Il faut arrêter de revenir toujours sur les mêmes sujets! »…Bref, circulez, il n’y a rien à dire, il n’y a rien à voir!!!

Mais sur quelles études se basent-t-elles pour nous affirmer des choses pareilles?

Les représentants des personnels au CHSCTA ne font pas les mêmes constats. Nous, nous nous appuyons sur les remontées du terrain, sur des questionnaires qui nous permettent de faire un diagnostic et sur des études menées par des professionnels et si nous devons reprendre constamment les mêmes sujets, c’est que les problèmes n’ont pas été traités correctement par les décideurs:

Au sujet des masques:

Certes, l’administration a augmenté la quantité de masques distribués (6 masques de taille M de la marque noyoco) à tous les personnels pour les livraisons de janvier mais malheureusement, ils sont inutilisables par les personnels durant leur activité professionnelle et notamment par les enseignants du fait de leur activité professionnelle particulière: Pour être entendu des 30 à 35 élèves, ils doivent articuler davantage que d’habitude et de ce fait, la partie centrale du masque vient se coller sur les lèvres ou entre dans la bouche, d’où une impossibilité de parler ensuite.  De plus, la triple épaisseur étouffe la voix et oblige l’utilisateur à parler plus fort. Les personnels doivent donc, pour se protéger sur leur lieu de travail, acheter des masques adaptés à leur morphologie et à leur activité avec leurs propres moyens.

Selon le code du travail, l’employeur doit fournir à ses personnels des masques adaptés aux personnes et à leur activité. Avoir des masques que nous ne pouvons pas utiliser n’est pas acceptable…nous avons encore voté un avis dans ce sens……..mais nous ne sommes pas entendu!

au sujet de la voix:

Problèmes de voix lié au port du masque lors des cours: D’après une étude menée par la MGEN: MGEN_Livret_VoixMasque_Novembre2020

– le port du masque atténue la voix en moyenne de 5dB pour les masques chirurgicaux et de 20 dB pour les masques en tissu. Le masque chirurgical est celui qui modifie le moins la parole et atténue le moins la voix.

– Le port du masque incite au forçage vocal.

– Augmenter l’intensité de la voix équivaut à augmenter l’amplitude de vibration des plis vocaux et la pression de l’air expiré. Ce comportement ajoute à la charge vocale et fatigue la voix du locuteur. Parler fort et crier provoque des micro- traumatismes du tissu des plis vocaux, pouvant conduire à des lésions sur les plis vocaux tels que nodules ou polypes.

Pour prévenir de ces risques, la société française de phoniatrie et de laryngologie ainsi que la MGEN préconisent un certains nombre de conseils  mais également l’utilisation d’amplificateur.  » Amplifier la voix est une solution évidente, elle est le premier moyen pour se prémunir de la fatigue vocale due au port du masque« . « La préservation du capital vocal des enseignants passe par l’utilisation de l’amplification vocale, ponctuelle ou continue dans certains cas ».

Pour prévenir des risques liés  au port du masque sur la voix et ne pas attendre des problèmes irréversibles, de nombreux collègues ont déjà acheté des amplificateurs.

Nous avons donc posé la question de la prise en charge par l’employeur des amplificateurs de voix.  La SG nous a répondu que cela était à la charge des personnels.

Selon le code du travail, « Un équipement de protection individuelle (EPI) est un dispositif ou moyen destiné à être porté ou tenu par une personne en vue de la protéger contre un ou plusieurs risques susceptibles de menacer sa sécurité ou sa santé principalement au travail (Code du Travail, article R.233-83-3) » Il doit être fournit par l’employeur gratuitement. Devoir payer nos propres protections individuelles pour nous protéger des risque liés à notre travail n’est pas acceptable…..nous avions voté un avis en ce sens le 8 octobre 2020….mais nous ne sommes pas entendu!

Les situations à forts risques de contamination dans les établissements scolaires :

Nous avions alerté la secrétaire générale au mois de décembre au sujet des situations à forts risques de contamination:

Nous savons actuellement que le virus se transmet par voie aérienne par les postillons et surtout les aérosols. Les masques sont un moyen de prévention individuel efficace en constituant une barrière contre les postillons et aérosols. On sait maintenant qu’ils s’avèrent insuffisant dans les espaces clos à occupation forte et longue. Même masqué, le virus peut se transmettre si on ne renouvelle pas l’air.

Nous avons repéré, dans les établissements scolaires, des situations à forts risques de contamination pour les personnels:

– lors du passage des élèves à la cantine. Les élèves ne sont pas masqués et les locaux sont peu aérés entre deux services. Les personnels présents dans la salle ont donc plus de risque de contamination.

– lors des cours d’EPS, les élèves n’ont pas de masque lors des exercices physiques et il y a une forte production d’aérosols et de postillons liés à l’activité intensive des élèves. Les enseignants d’EPS sont donc exposés à une contamination plus grande du virus.

– les enfants en maternelle n’ont pas de masque et la distanciation physique est difficile à faire respecter par les enfants de 2,5 ans à 5 ans. Les personnels en présence des enfants (ATSEM, enseignants) sont davantage exposés à la contamination du virus.

– l’accompagnement des élèves à besoins particulier par un personnel AESH dans une salle de classe ne permet pas de garder une distanciation physique de 1 mètre. De ce fait les personnels AESH sont plus exposé à la contamination du virus.

C’est pourquoi, nous avons voté lors du dernier CHSCTA l’avis suivant:

Les membres du CHSCTA demandent à l’employeur de fournir à ces catégories de personnels un masque à usage unique répondant à minima à la norme NF EN 14683 en lieu et place d’un masque grand public.

Nous avions sans doute de l’avance dans notre diagnostic sur les deux premiers points puisque les nouvelles mesures gouvernementales nous ont donné raison mais seulement sur le diagnostic (contamination lors de la cantine et en EPS dû à l’absence de masque) et non sur les solutions à apporter: au lieu de fournir aux professeurs d’EPS un masque chirurgical de type 1, le gouvernement a préféré les mettre dehors pour promener les élèves. Il a demandé d’espacer les élèves à la cantine de 2 mètres, sachant que le mètre demandé depuis septembre ne pouvait pas être respecté dans la majorité des établissements. Mais ce n’est pas l’application des mesures qui compte pour le gouvernement, ce sont les effets d’annonce!

Quant aux AESH et enseignants de maternelle, nous avons demandé les chiffres pour voir si ces personnels étaient davantage touchés par le covid que les autres, ce qui nous permettrait de faire des hypothèses sur la transmission du virus dans les écoles maternelles. Mais la SG nous a répondu que nous ne pourrions pas savoir si ces enseignants malades avaient été contaminés au travail ou à l’extérieur….effectivement, si nous ne cherchons pas à savoir, nous restons dans l’ignorance et ne pouvons pas faire de la prévention des risques……..encore une fois, nous ne sommes pas entendus!

 

Les tests antigéniques pratiqués dans les établissements scolaires:

« Le nombre de test antigéniques réalisé dans l’académie depuis novembre est de 1698 (sur 26 000 personnes): seul 5 tests positifs. » Quel est le but de ces tests?  Quel bénéfice entre les moyens déployés (infirmières scolaires réquisitionnées) et ce que cela permet? Tester une personne tous les 30 minutes revient à tester 16 personnes par jours…a quoi bon? Encore une fois, la communication est plus importante que l’efficacité!

Chacun pouvant se faire tester quand il le souhaite dans les différentes officines extérieures, nous ne voyons pas d’intérêt à déployer tous ce dispositif alors que les infirmières scolaires sont déjà en difficultés pour prendre en charges les élèves au quotidien…..mais nous ne sommes pas entendus!

 

Nous avons bien conscience que la rectrice et la secrétaire générale n’ont pas la main sur ces questions là mais que tout est décidé au niveau du gouvernement. Mais nous souhaitons seulement être écoutés et entendus, que les situations complexes rencontrées sur le terrain par les personnels soient mieux prises en compte dans les solutions à apporter pour soutenir les personnels dans leur mission de service public, surtout en période de crise sanitaire.