Communiqué adressé aux agents de l'Université de Bourgogne en ce début d'année. Après les voeux 2023 du président de l'UB, il est nécessaire de mettre fin aux fake-news et faux espoirs et de revenir la réalité de la situation de l'UB présente et à venir.
En 2023, je ne crois que ce que je vois !
Chères et chers collègues,
le Sgen-CFDT vous adresse ses meilleurs vœux pour l’année 2023 et vous accompagnera pour tenter de la faire rayonner malgré la morosité environnante.
Nous invitons tous les personnels à signer la pétition déposée par des enseignants-chercheurs de l’UB et soutenue par le Sgen-CFDT sous le lien https://chng.it/sQ8mLRtDcv
L’actualité nous oblige à réagir à la communication faite au sujet de l’évolution de la politique de site, un sujet qui préoccupe insuffisamment la communauté universitaire eu égard à son importance pour le rayonnement de notre établissement et donc pour nos conditions de travail à moyen terme. Le message vidéo du président de l’UB (https://mediaserveur.u-bourgogne.fr/videos/mots-de-fin-dannee-du-president-vincent-thomas/) ainsi que le courrier des directeurs des composantes du futur EPE (https://www.u-bourgogne.fr/wp-content/uploads/DIRCOM_CP_EPE.pdf) daté du 2 décembre 2022 appellent en effet quelques commentaires.
1) Un vote du CA sans opposition ?
Tout d’abord, la délibération du CA du 1er septembre qui a acté la sortie de l’UB de la Comue a été prise certes par « 21 voix pour », mais il y avait aussi 6 abstentions et 1 refus de prendre part au vote. Cette présentation passe sous silence les réserves émises lors de cette séance quant aux conséquences désastreuses que cette décision unilatérale de l’uB aura pour elle-même et pour l’ensemble du site. Elle vise à faire croire que la communauté universitaire est unanime sur ce sujet alors qu’il y a bel et bien, au sein-même de l’UB, une opposition à cette décision. Depuis, le Sgen-CFDT a déposé un recours au tribunal administratif afin qu’il se prononce sur la légalité de cette délibération obtenue par surprise et douteuse sur plusieurs points (délai de convocation, formulation de l’ordre du jour, non-conformité avec les statuts d’UBFC).
2) Pertinence contre impertinence
Le président de l’UB prétend dans son message vidéo que la « Comue n’a jamais fait la démonstration de sa pertinence sur notre territoire ». Rappelons que l’arrêt du projet ISITE n’est dû à rien d’autre qu’à la paralysie et l’inertie de la gouvernance d’UBFC, la qualité des projets issus du regroupement en eux-mêmes n’ayant jamais été mise en doute par le jury international, bien au contraire. Qu’UBFC ait eu la capacité de remporter des financements à hauteur de 10 millions par an (ISITE) et plusieurs Projets Investissements d’Avenir (Labex LipSTIC, Equipex Smartlight et Calhipso, NCU Ritm-BFC, projet Team-Sport) dans un contexte très exigeant et fortement concurrentiel ne peut pas être interprété comme un signe de manque de pertinence ! Prononcer de telles affirmations, c’est dénigrer la qualité décuplée des résultats issus des projets et les efforts communs des chercheurs de Bourgogne et de Franche-Comté ; c’est omettre une réalité factuelle
3) Le prétendu budget de l’EPE est-il énorme ou une énormité ?
Le communiqué du 2 décembre et la vidéo du 15 annoncent des chiffres très étonnants sur plusieurs points. Ainsi, le budget de l’hypothétique EPE s’élèverait à « 1 milliard 130 millions d’euros dont 400 millions dédiés à la recherche et à la formation ». A titre de comparaison, le budget de l’UB est actuellement de 315 millions de charges, dont 44 millions pour la formation et la recherche. L’EPE dijonnais permettrait donc de multiplier le budget global par rapport à l’UB par 4,5, et de multiplier le budget formation et recherche quasiment par 10 !!! Ramené à un nombre supposé d’enseignants-chercheurs de 1200, cela ferait 333 000 euros par EC, alors que le ratio actuel est de 50 750 euros. Comment est-ce possible ? Qui peut croire à ces chiffres ?
4) Tous enseignants-chercheurs !
Le nombre d’enseignants-chercheurs serait de 1200 dans l’éventuel futur EPE. Vraiment ? L’UB compte actuellement 867 EC, auquel on pourrait ajouter 190 enseignants hospitalo-universitaires qui sont les seuls personnels des établissements du projet d’EPE pouvant être assimilés à des enseignants-chercheurs ; mais ils sont en réalité déjà personnels de l’UB, comme cela figure noir sur blanc dans le rapport social unique. On arrive alors à un chiffre de 1057 EC ou assimilés – et non 1200 – qu’on atteint sans EPE.
Mis à part peut-être quelques universitaires qui se comptent sur les doigts de la main à BSB ou à Sciences Po Dijon, les enseignants des écoles dijonnaises n’ont pas le statut d’enseignant-chercheur au sens du décret de 1984 et ne sont pas membres de droit d’un laboratoire.
Aucune école qui conventionnerait avec l’UB dans l’EPE ne délivre de doctorat, aucune ne possède d’école doctorale. Dès lors, prétendre que « cet établissement en cours de construction pourra répondre aux standards internationaux, ce qui lui permettra(it) d’être reconnu dans les classements mondiaux des universités », n’est pas défendable. L’EPE n’aurait pas les moyens en termes de production de faire monter l’UB dans les classements internationaux et ne pourrait en aucun cas compenser la disparition de la signature scientifique « Université Bourgogne-Franche Comté ». Sa plus-value scientifique serait nulle.
5) Un très faible apport d’étudiants
Pour terminer sur les chiffres, sur les 40 000 étudiants annoncés, il faut savoir que l’UB en compte à elle seule 35 000. Pour les établissements participant au projet d’EPE, on peut tabler sur 2500 à BSB (campus de Lyon inclus ?), 250 à l’ENSA, env. 150 à l’ESM, 160 à Sciences Po, tandis qu’ESEO et l’ESTP visent à terme respectivement 600 et 300-400 étudiants. L’EPE n’apporterait donc au nouveau site dijonnais que 4000 étudiants au mieux.
6) A quoi renonce-t-on ?
Jamais depuis septembre n’est relaté ce qui se passe chez nos futurs anciens partenaires, afin de dissimuler ce à quoi on renonce. Mais la « réelle dynamique de développement » que l’EPE est supposée lancer paraît tout de même très faible si on la compare à la force de frappe que nous avons perdue en nous désolidarisant des établissements comtois et de l’Institut Agro Dijon. Car en l’absence de gain en enseignants-chercheurs dans l’éventuel EPE, la Comue, qui se transforme actuellement en Comue expérimentale (ComueEx), comprend déjà plus de 1000 chercheurs, répartis dans 27 laboratoires de recherche, sans compter ceux qu’elle pourrait elle aussi revendiquer du CHU de Besançon. Se priver ainsi de la moitié de la matière grise et de la capacité scientifique disponibles sur le territoire est une décision de l’UB absolument incompréhensible.
7) Quel est le projet de l’EPE ?
Les points présentés comme le projet de l’EPE (« Porter une recherche et une formation de haut niveau ; Coconstruire une politique de vie étudiante et une dynamique de vie de campus attractive et intégrative ; Intensifier l’internationalisation du site ; Accompagner le tissu socio-économique de BFC dans toutes ses transitions, développer l’entreprenariat étudiant et favoriser l’insertion professionnelle des diplômés ») sont des objectifs évidents qui pourraient s’appliquer à n’importe quel établissement d’enseignement supérieur. Ils ne permettent ni d’identifier l’EPE dijonnais dans le paysage national, ni de démontrer la plus-value de l’EPE par rapport à UBFC ou à la ComueEx. On voit mal que la première ministre, seule compétente en ce domaine, puisse créer un tel établissement public national.
8) Il n’y a qu’une chose à faire : intégrer la Comue Expérimentale
Prétendre construire le site Bourgogne-Franche Comté de l’enseignement supérieur et de la recherche en ne ralliant à l’uB que des établissements dijonnais – voire seulement à antenne dijonnaise -majoritairement situés dans la partie Nord du campus de Dijon est un abus. C’est balayer d’un revers de main le rôle majeur joué par la région dans le soutien à la recherche lors du précédent contrat. Mais c’est aussi oublier que la politique de site voulue par le MESRI en Bourgogne Franche Comté a toujours eu une dimension régionale très forte. Le ministère considère en effet que le rôle structurant au niveau régional sera porté par la ComueEx, que c’est elle qui aura un rôle d’acteur dans la politique d’ESR et qui portera les PIA. On voit bien le danger : ne pas être membre à part entière de la ComueEx signifie pour l’UB une régression politique et stratégique majeure, qui la réduira à un rôle subalterne lors de la définition de la politique du site et limitera l’accès de ses chercheurs aux financements essentiels.
Au vu des enjeux, il est urgent que la communauté universitaire se mobilise pour exiger toute la transparence sur la politique menée et ses implications, ainsi que l’ouverture de débats réellement contradictoires et éclairés, dans un cercle bien plus large que les instances acquises au président.
Nous invitons donc tous les personnels à signer la pétition déposée par des enseignants-chercheurs de l’UB et soutenue par le Sgen-CFDT sous le lien https://chng.it/sQ8mLRtDcv