La CFDT défend une école publique, laïque et émancipatrice, lieu de formation critique et de diversité. Des partenariats entre l’Éducation nationale et les Armées, présentés comme des outils d’éducation à la citoyenneté, peuvent déraper.
La position de la CFDT Éducation Publique : une école émancipatrice, pas une école caserne
Depuis plusieurs années, les partenariats Education Nationale-ministères des armées, via des dispositifs comme les classes défense et sécurité globales (CDSG) se multiplient. Ces partenariats, présentés comme des outils d’éducation à la citoyenneté dérivent: recrutement déguisé, manque de transparence, absence de choix des élèves et dérives violentes.
Pour la CFDT, l’école ne doit pas devenir une annexe de l’armée. Nous exigeons :
- Un moratoire sur la création de nouvelles classes défense tant que les dérives ne sont pas corrigées.
- La liberté pour les jeunes de participer ou non aux classes défense
- Un contrôle démocratique des conventions, avec consultation obligatoire des équipes éducatives et des parents chaque année, en Conseil d’administration dans les EPLE.
- La fin des financements par les entreprises d’armement et Pierre-Edouard Stérin
- La fin du recrutement militaire dans les établissements scolaires et la garantie d’une information équilibrée sur toutes les voies professionnelles.
Les classes défense : entre éducation et dérives
Un dispositif en pleine expansion
Les classes défense et sécurité globales (CDSG) sont nées d’un partenariat entre les ministères de l’Éducation nationale et des Armées. Officiellement, elles visent à « éduquer les élèves aux enjeux de défense, de mémoire et de citoyenneté ». En pratique, elles associent des établissements scolaires à des unités militaires via des conventions triennales. Les activités proposées vont des rencontres avec des militaires aux visites de casernes, en passant par des cérémonies commémoratives ou des rallyes citoyens. Rien qu’en Côte d’Or, on en compte 20 dans les collèges.
Des dérives documentées
Pourtant, les signalements de dérapages se multiplient :
- Absence de choix : si certains établissement ouvrent ces classes sur la base du volontariat, dans d’autres, la participation y est obligatoire.
- Violence et militarisation : Des élèves participent à des exercices où il doivent repousser « des manifestants hostiles » ou fouiller des cellules de prison.
- Manque de transparence : Les conventions sont rarement soumises à débat au sein des conseils d’école ou des conseil d’Administration, le contenu des activités n’est pas toujours présenté, privant la communauté éducative de tout contrôle démocratique.
- Un livret « pédagogique », « ma première cérémonie militaire » financée par des marchands d’armes et par Pierre-Edouard Stérin dont la CFDT Education Publique Bourgogne combat les idées.
Ces pratiques, trahissent la mission première de l’école : former des citoyens éclairés, capables de pensée critique, et non des soldats en devenir.
Pour une école à l’abri des logiques militaires
La CFDT Éducation Publique rappelle que l’école doit rester un sanctuaire de la pensée critique et de la diversité, à l’abri de toute instrumentalisation. Les dérives des classes défense, le recrutement déguisé et la militarisation de l’espace scolaire sont inacceptables. Nous appelons à une réforme en profondeur de ces dispositifs, avec un encadrement strict, loin des financeurs privés.
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Historique : Liens Armées-Education Nationale depuis la fin du service militaire
- 1996 : Fin du service militaire obligatoire. L’armée, privée de son vivier traditionnel, se tourne vers l’école pour maintenir un lien avec la jeunesse.
- Années 2000 : Développement des trinômes académiques (enseignants, militaires, IHEDN) et des classes défense, relancées après leur création en 1982.
- 2007 : Intégration de l’enseignement de défense dans les programmes scolaires, avec la Journée Défense et Citoyenneté (JDC), obligatoire pour tous les jeunes Français.
- 2011 : Généralisation des Classes Défense et Sécurité Globales (CDSG), encadrées par une convention interministérielle.
- 2015 : Signature d’une convention cadre Éducation nationale-Armées, renforçant les partenariats et ouvrant des lycées militaires et des classes préparatoires aux grandes écoles militaires.
- 2018 : Lancement du Service National Universel (SNU), organisé par Jeunesse et sports, rattaché au ministère de l’Education Nationale.
- Années 2020 : Multiplication des dispositifs (cadets de la défense, escadrilles air jeunesse, etc.) et augmentation du nombre de classes défense.