Si j’avais deux jambes je serais titulaire… Témoignage d’un stagiaire en situation de handicap

Voici le témoignage de Sylvain, enseignant stagiaire en histoire-géographie, au lycée Henri Parriat de Saône-et-Loire qui s'est vu refuser sa titularisation du fait de son handicap. Le Sgen-CFDT a déposé des recours contre cette décision.

Sylvain féret
Je suis en situation de handicap moteur (handicap lourd puisque je me déplace en permanence en fauteuil roulant électrique). Après cinq ans d’études, j’ai cependant obtenu un Master 2 Recherche en Etudes Médiévales (avec mention bien). Mon plus cher désir depuis le début de mes études est d’enseigner l’Histoire-Géographie. J’ai été recruté en 2012 en tant qu’assistant pédagogique. J’ai été reconnu Bénéficiaire de l’Obligation d’Emploi au titre du handicap dans le cadre de la loi de 2005, et j’ai donc été nommé professeur stagiaire au Lycée Henri Parriat à la rentrée 2014. Cette année de stage a été complétée par une deuxième année pour renforcer les acquis.
J’ai travaillé dans cet établissement en tant que professeur d’Histoire-Géographie stagiaire avec deux classes de 2nde avec lesquelles j’ai eu un très bon contact. J’ai eu de très bons retours des parents d’élèves, comme des élèves. Je me suis bien intégré au travail d’équipe éducative d’établissement. Le chef d’établissement a d’ailleurs conclu par un avis favorable à ma titularisation.
Je n’ai malheureusement pas pu me rendre aux formations pour des raisons médicales, contre indiquant des déplacements supérieurs à 50 km. Par ailleurs, j’ai assuré tous mes cours avec les élèves au lycée durant ces deux années. A la fin de ma première année de stage, j’ai demandé, en vain, de pouvoir bénéficier de visio-conférence afin de palier à mon absence physique à ces formations. Malgré tout, j’ai pris l’initiative d’aller voir d’autres pratiques pédagogiques auprès d’autres collègues de mon lycée afin de compléter ma formation. En fin de deuxième année de stage c’est un Inspecteur Général venu spécialement de Paris qui est venu m’inspecter, à la grande surprise de tout le monde, puisque d’habitude ce sont les inspecteurs régionaux qui sont en charge de cette mission.
Lors du jury de titularisation en juin, j’ai enfin pu bénéficier d’une première visio-conférence (Ah !! Cela pouvait-il donc se faire ?).
La décision de titularisation prévue au 4 juillet a été repoussée par le Rectorat au 9 septembre, puis une nouvelle fois au 15 septembre (donc après les vacances scolaires). Quelles superbes conditions pour préparer les cours de l’année suivante…
Le 15 septembre, j’ai appris ma non titularisation par le Rectorat, et donc mon licenciement. Après un recours auprès de la Rectrice et de la Ministre, je n’ai reçu qu’une réponse négative de la Rectrice et aucune de la Ministre.
Suite à ce licenciement, j’ai été recruté en tant qu’assistant d’éducation, sachant qu’une partie de mes fonctions sont des tâches d’enseignement.
J’ai la chance d’être soutenu par ma famille, par une grande partie de mes collègues, qui m’aident à surmonter les tracasseries (ainsi que celles concernant l’emploi de mon auxiliaire de vie, qui m’est indispensable à mon activité professionnelle) que je vis comme des humiliations liées à mon handicap. Si j’avais deux jambes, serais-je titulaire ?
Sylvain Féret